Voici un hommage dédié à toi, Papoune — un aperçu de ta vie, de ce qui t’a rendu unique, et de l’empreinte que tu as laissée dans le cœur de ceux qui t’ont connu. À travers quelques souvenirs, des anecdotes, et des mots partagés par ta famille et tes proches, j’ai voulu mettre en lumière ton humour espiègle, ton goût des jeux de mots, ta curiosité insatiable, ta générosité, et tout ce que tu nous as transmis. Ce témoignage, c’est aussi une façon de dire merci, et de faire vivre encore longtemps ton histoire parmi nous.
Quoi? Ce pull n'est pas marron? Il est violet?!
Comme disait la tante Lucienne “C’est bon quand c’est chaud”
Cher Papoune,
Comme tu nous a souvent gâté par tes discours, drôles, sincères, et touchants, je me suis dit qu’aujourdhui c’était mon tour de t’écrire quelques mots. Je te remercie d’ailleurs d’avoir pris la parole lors de mes trente ans!
Comme tu le sais, mon projet professionnel actuel vise à aider les familles à se réunir autour de souvenirs partagés, afin de célébrer la vie, et de préserver la mémoire de ceux qui nous ont touchés. Il y a plusieurs dimensions à cela, que ça soit dans le cadre d’une célébration, d’une transmission, ou d’un hommage.J’aimerais aujourd’hui partager avec toi les souvenirs qui me viennent en tête quand je pense à toi. Peut être que cela t’inspirera et te fera réfléchir aux moments que nous avons passer ensemble. Sûrement as tu des souvenirs très différents des miens qui te reviennent en tête. À l’occasion j’aimerais beaucoup les entendre.
Quand je pense à toi je pense d’abord aux abricots qu’on cueillait l’été devant chez vous à Clermont. Également aux cerises qu’on ramassait dans ton jardin de Nonant. Je pense aux auverginats que tu me préparais avec du jus d’orange et de l’eau pétillante. Je pense aux nombreuses balades en vélo que tu m’amenais faire à Clermont, sur le terrain à bosse que j’aimais bien. Puis je pense aux dictées que tu me faisais faire à etroussat pendant les vacances et à l’instituteur qui demeurait en toi.
Mais je pense surtout à ton humour: tes jeux de mots offerts maintes fois pendant les dîners, accompagnés de vin de noix ou de pêche fait maison. Puis à ton côté bricoleur que j’admire, votre maison d’etroussat en témoigne. Et puis à tes deux passions: le jardinage et l’histoire, ayant découvert récemment le plaisir de s’occuper de son jardin, maintenant que nous avons fleuri notre balcon parisien.
Et enfin, je pense aux pastilles Vichy, et à cette pipette que tu me donnais pour me nettoyer les sinus. C’est fou que 9 ans soient déjà passés depuis que j’aie passé mon permis à Jenzat, ou tu m’amenais pour les leçons de conduites.
Je sais que tu ne vas pas fort en ce moment, c’est peut être le bon moment pour te dire merci. Merci d’avoir été un grand père généreux, ouvert d’esprit, et drôle. Merci d’avoir toujours été là pour nous et pour maman, et d’avoir voulu nous transmettre les valeurs Desvignes qui ont fait de nous des adultes équilibrés. J’espère qu’un jour je serai aussi grand père et que je remplirai le contrat aussi bien que toi. À la seul différence qu’ils seront forcés de venir pêcher à la mouche avec moi! Quand je me regarde dans un miroir, je vois un peu de toi : les deux daltoniens de la famille, un peu distraits parfois, passionnés souvent, curieux toujours. Peut-être aussi ce goût du mot juste, ou du mot drôle. Et surtout ce mélange d’humilité et de malice qui fait qu’on t’aime tant.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais ce que je sais, c’est que tout ce que tu m’as transmis continuera de vivre, à travers moi, à travers nous tous. Tu as semé beaucoup de belles choses, Papoune. Des souvenirs, des valeurs, et un amour de la vie qui résiste à tout. Je t’embrasse fort et tendrement,
Ton petit-fils,
Adam
André, réunir les gens qui vous aiment pour vos obsèques un 1 er Avril, était-ce bien raisonnable ?
Les gens qui vous ont bien connu, reconnaitront là votre petit côté espiègle et souriront de votre dernier clin d’œil facétieux.
Dresser le portrait du beau-père en 26 lettres ? Voilà un challenge qui vous aurait plu ! Bien sûr, on ne résume pas une vie en parcourant l’alphabet, mais je me suis dit que chacune des lettres qui le composent m’aideraient à illustrer une facette de vous, une étincelle de ce que vous étiez pour moi, et pour nous tous,
A : A comme André, évidemment, un début qui s’impose ! A comme Accueil : celui que vous saviez réserver à tous, et à votre gendre en particulier, dès le premier jour —hier il y a 37 ans.
B : B comme Bricoleur, du dimanche parfois, et des autres jours aussi, souvent. Tantôt électricien, plombier, maçon, réparateur ingénieux d’un monde que vous aimiez remettre d’équerre, pas toujours très droite, d’ailleurs mais qu’importe si ça tient….
C : C comme curiosité, ça vous définissait bien la curiosité, tellement curieux que vous aviez même songé à expatrier la petite famille en Chine en 1966…
D : D comme daltonien, un talent transmis à Adam votre petit fils, qui partage l’art délicat de distinguer 50 nuances de gris dans un dégradé arc en ciel !
E : E comme Energie, mais où puisiez-vous cette Energie André ? D’Arlette sûrement ? ! Vous poser 5 minutes était contraire à votre religion, vous l’adepte du mouvement permanent. Cette Energie vous l’aviez transmise à vos filles et à Blandine en particulier. Dois-je vous en remercier André ? la réponse n’est pas si évidente tous les jours !
F : F comme fusionnel, vous formiez avec Arlette un couple fusionnel, un extraordinaire tandem, pas nécessairement toujours synchro, mais tellement complémentaire, uni dans les joies et les combats. Un ami de la famille disait de vous 2 que vous étiez « comme un moteur à 2 temps ». J’aime bien cette image : 2 respirations qui se nourrissent l’une de l’autre pour avancer dans la même direction.
G : G comme grand père formidable, drôle, aimant, bienveillant, G comme généreux aussi, de votre temps, de vos histoires, de votre affection,
H : H, comme histoire, avec un grand H, quelle chance pour nous que cette passion de l’histoire au moment de choisir un cadeau de Noel : « et si on lui offrait le dernier Max Gallo sur de Gaulle ?» . H comme humour aussi, parfois caustique, parfois décalé et toujours assumé. Une seconde nature chez vous, présente jusqu’au dernier jour
I : I comme instituteur, ca vous allait bien ce costume de professeur, et des générations de culottes courtes vous doivent leur premières lectures,
J : J comme Jardinier : une passion, un passe-temps commun pour André et Arlette, une bénédiction pour nous qui revenions d’Etroussat le coffre plein de salades, de tomates, et de potimarrons.
K : K comme Kalembour, et tant pis si ça s’écrit pas comme ça, parce que l’instituteur n’est plus là pour corriger l’orthographe, un art subtil, que vous distilliez sans modération, si subtil qu’on n’était pas toujours sûr de tout comprendre…
L : L comme Lyon qui vous a vu grandir, et qui vous a sûrement inspiré au moment de choisir le prénom de votre fille ainée.
M : M comme Michelin qui vous a ouvert les portes de l’éducation dans les années 60 et permis d’ancrer le clan familial en Auvergne
N : N comme Ne jamais pouvoir s’arrêter de parler, surtout quand on regarde un bon film…
O : O comme obstiné, quand vous aviez une idée en tête… comme quand on essayait de vous convaincre que prendre l’autoroute, c’était moins dangereux et moins fatiguant que la nationale ! Mais non…
P : P comme pétillant, à l’image de votre regard qui n’a cessé de pétiller, comme un vieux Champagne encore vif, jusqu’à votre dernier souffle,
Q : Q comme Qi Chong, une discipline que vous pratiquiez assidument pour vous maintenir en forme, entre 2 promenades quotidiennes
R : R comme rugby, supporteur inconditionnel de l’ASM Clermont, à l’honneur contre la Rochelle ce week end pour vous rendre un dernier hommage. R comme résistant, aussi, vous teniez ça de votre père, vous qu’on a vu résister jusqu’ au bout pour ne pas fermer les yeux, comprenant que les fermer signifierait ne plus les rouvrir.
S : S comme ce sourire qui ne vous a jamais quitté, ni même ces derniers jours, plus fort que la douleur, votre façon de nous dire, « ne vous inquiétez pas, cette mauvaise blague va se terminer très vite ».
T : T comme toux, présente, trop présente, de jours comme de nuit,
U : U comme ultra rapide : Tout ça a été bien trop rapide, pour tout le monde, et pour vous, un homme pressé, de vivre d’abord, d’agir tout le temps, mais pas de partir, ça s’est sûr
V : V comme vin, pas étonnant quand on s’appelle André Desvignes ! Bon c’est pas parce qu’on s’appelle Fischer qu’on devient pécheur, encore que ! Le vin donc, et en particulier les crus maisons : Ah le petit vin de pêche ! quelle trouvaille ! Une marque de fabrique Desvignes, qui a fait le bonheur de nos apéros depuis plus de 30 ans. On ne doute pas qu’Arlette saura poursuivre la tradition.
W : W comme warrant, oui même les boursicoteurs ont leur lettre, et vous André, vous aviez toujours un œil sur le CAC40 et les indices et l’autre sur les carottes du jardin…
X : X comme l’inconnu, dans les équations, comme dans la vie. Ce doute que vous cultiviez, car rien n’était jamais trop simple… Vous connaissez aujourd’hui une partie des réponses à vos questions
Y : Y comme « Yes », ce petit mot qui disait tout de votre caractère résolument positif, enthousiaste
Z : Z comme Zenitude. Au terme de ce long voyage, André, vous voici arrivé au stade où les doutes et douleurs qui ont jalonné le parcours font place à la tranquillité, à l’apaisement, et à la paix intérieure. C’est habité du formidable souvenir que vous nous laissez, et fort de votre sourire inaltérable que nous continuerons à avancer dans nos vies. J’aurais aimé que Merci commence par Z dans une langue du monde. Car quoi de plus important au fond, que de terminer par l’essentiel : alors Merci, André, merci donc d’avoir été ce beau père formidable, drôle, singulier, inoubliable.
Mon cher Papoune,
Je ne sais pas où commencer mais je t’imagine déjà me répondre quelque chose du genre : « commencer par le commencement serait un bon debut ».
J’ai du mal à imaginer un monde sans notre André Desvignes, mais je crois que c’est parce qu’un monde sans toi n’a pas lieu d’exister. Tu restes une partie intégrale de nos vies, seulement cette fois, ton âme se balade partout autour de nous, dans une myriade de choses qui nous entoure quotidiennement mais qu’on avait peut-être pas eu la clairvoyance de remarquer jusqu’ici. Tu seras dans toutes les belles tomates et salades du jardin qu’on aura le plaisir de continuer à déguster, tu seras dans les hululements de chouettes, comme celle de votre jardin, tu seras là dès qu’on aura un souci de bricolage et qu’on se demandera, que ferait papoune…tu seras dans les promenades à vélo dans des campagnes calmes, dans les cris d’ânes aussi. Tu seras dans le travail bien fait , dans les auverginats qu’on s’assurera de faire passer de generation en generation, dans la cuisine et les beaux plats de mamoune, tu seras dans une soupe trop chaude avec en echo “c’est bon quand c’est chaud” ou “l’appétit vient en mangeant”, tu seras meme dans les “ssh” collectifs quand on m’accuse de trop parler pendant les films, ça c’est sûr, je le tiens de toi. Bref tu seras là avec nous, dans pleins d’autres choses encore qui nous rappelleront tes particularités bien singulières et nous feront sourire.
Mais surtout, dans tes derniers moments avec nous, tu nous as montré je pense, les qualités les plus représentatives de ta personne, et dans ces moments pourtant tres douloureux, je n’aurais pas pu être plus fière d’être ta petite fille. Tu nous a montré ton sourire inépuisable, ta générosité, ta détermination, ta combativité, ton esprit libre et ton espoir sans faille . Ce que j’ai vu en toi, c’est toute les valeurs qui me tiennent le plus à coeur et que j’admire plus que tout . Alors je te fais une promesse, que même dans les moments tres difficiles, j’essayerais moi aussi, du mieux que je peux, d’en rester garante.
Un battant mais pas seulement. Ceux qui t’aiment savent que beaucoup de tendresse se cachait dans les croutes de fromage données aux petits oiseaux, que beaucoup de curiosité, de savoir se cachaient derriere tes années d’instit mais aussi d’élève de la vie, et que beaucoup d’humour se trouvaient derriere cette petite pépite canaille dans tes yeux, pépite qui ne t’a jamais quittée d’ailleurs. Je sais que tes jeux de mots seront mentionnés plus d’une fois aujourd’hui, mais c’est que ton humour bien à toi va beaucoup nous manquer. Malheureusement je ne pense pas qu’on puisse promettre des jeux de mots à la hauteur des tiens, mais je suis sure qu’on essayera du mieux qu’on le peut, et quand l’un de nous à table sortira une repartie digne d’André Desvignes, on aura tous une pensée pour toi, et je sais que je serai secrètement persuadée que c’est toi qui nous l’aura envoyée.
Papoune, ce n’est qu’un au revoir. Merci d’avoir été l’homme que tu as été, et de continuer, à travers tous ces souvenirs et toutes ces petites graines plantées dans chacun de nous, de nous faire vivre la vie aussi ple